Ce matin, alors que les brumes matinales de l’hiver qui s’annonce léchaient la façade en pierres de notre humble casbah, et que j’agitais délicatement ma cuillère en argent dans mon thé brulant pour en savourer les effluves, parce que, peut être ai-je omis de le mentionner, je me suis mise à boire du thé !
C’est chic hein ? je trouve aussi. J’adore ! je trouve ça tellement glamour : « un instant, les enfants, je termine mon thé et je suis à vous pour notre partie d’échecs journalière »…
La vérité vraie, c’est que l’ami Francis l’ulcère s’est invité ces derniers temps et que ce cretin ne supporte pas le café… il me fait tout un foin… Il a bien fallu trouver la parade.
Bref, donc, pendant que je touillais ma fichue tasse pour faire refroidir le breuvage trop chaud, la demoiselle débarque dans la cuisine, bien plus tôt que d’habitude avec la tête des jours qui clochent.
Avant que je n’aie le temps de dire quoi que ce soit, elle lâche sa bombe atomique :
« j’ai envie de vomir »
Le tout suivi des faits, entérinant ainsi la véracité de ses propos… Je vous passe les détails…
Le plus difficile dans ces moments maternels, c’est de ne rien laisser paraitre du dégout qui vous submerge, d’afficher une mine parfaitement détendue et un sourire naturel, comme si ce geyser de matière gluante était parfaitement normal… le tout, évidement dans le but de ne pas affoler l’enfant plus qu’il ne l’est déjà :
« Mais non, demoiselle adorée, ne te fait pas de bile – vous noterez l’allusion subtile…- tout va bien, maman va tout ramasser et nettoyer… wonder mum est dans la place »
Faire de l’humour quand on a le cœur au bord des lèvres, c’est pas évident…
J’entends déjà votre question : Et l’homme dans tout ça ?
Et bien l’homme n’est pas là, sinon c’est moins drôle… Mais , il rentre dans la matinée, ce qui est déjà une chance !
Evidemment avec tout ce récurage, je suis en retard pour réveiller Monsieur XY qui lui, dort à poings fermés ! Ceci dit, il émerge vite, saisit parfaitement la gravité de la situation et s’engouffre dans la brèche de ce marasme matinal : il refuse de manger, puis a tout à coup une faim de loup, il refuse de s’habiller seul, tendant une jambe molle pour que je lui enfile son pantalon, crache le dentifrice à côté du lavabo et conteste le choix des chaussures, alors qu’il n’a plus qu’une paire de valable…bref, un amour de petit angelot de miel…
Malgré cela, je triomphe, arrive à l’heure à l’école et mieux encore, je passe la porte de mon bureau à 9 heures pétantes !
Bien sur, rien n’est complètement gagné, il faudra gérer la fin de journée… Mais c’est déjà une belle victoire…
Avec tout ça, mon thé est froid… de toute façon, je ne sais pas jouer aux échecs…