Le temps... Quelle curieuse chose... parfois il passe à la vitesse de l'éclair, parfois, on a plutôt l'impression d'être bloqué dans un espace spacio temporel parallèle ou les minutes sont des heures...
J'avais évoqué notre retour en avion lors de nos dernières vacances...
Cataclysmique...
oui ça me parait le mot idéal pour le caractériser...
Cataclysme ou quand le temps joue avec et contre nous :
Dimanche 19 h : les vacances sont terminées, nous rendons à contrecoeur notre bolide de location et marchons le pas lourd vers le hall de l'aéroport, sauf Monsieur XY qui se la joue Kalif et a décidé qu'il lui fallait être porté ... Avec la tonne de bagages que nous nous traînons c'est tellement plus simple...
19 h 10 : nous avons repéré l'enregistrement qui ouvre à 19 h 25. Je trépigne car je sais qu'il y a des soldes en cette période au dutty free ... on ne se refait pas !
19 h 30 : les bagages sont enfin enregistrés, nous sommes tous passés sous le portique qui bippe à chaque fois, à moi les boutiques, une semaine de disette shopping, le double est en manque !
19 h 40 : mouais, bah y a pas grand chose... et les zozios sont épuisant de bétises... finalement nous nous asseyons et attendons l'embarquement dans un épouvantable brouhaha. J'avais un instant imaginé pouvoir dégainer le roman que je tente de lire depuis des mois mais j'oublie vite l'idée...
20 h 30 : c'est curieux, nous devons embarquer dans un quart d'heure, mais l'avion n'est toujours pas là....
20 h 40 : je me rends compte avec effroi que tous les avions en provenance de France affichent au minimum deux heures de retard...
21 : pas de miracle... retard pour le notre aussi... "delayed"... quel joli mot...
21 h 15 : Cela inquiète fortement notre demoiselle : un million de questions à la seconde : comment konvafère ? oukilé l'avion ? et sivient pas ? et oukison les valises ?
après que nous l'ayons rassurée, la demoiselle ne quitte plus le panneau d'affichage des yeux... Je n'aurai peut être pas dû lui dire que si elle était pénible, nous allions la laisser dans l'aérogare...
21 h 30 : Monsieur XY se met en mode Hurlator sous le motif hautement important qu'il veut courir nus pieds dans le hall...
21 h 35 : la demoiselle s'assoit sur un paquet de biscuits secs... et les réduits en miettes
21 h 36 : Monsieur XY veut des gateaux secs et ceux effrités ne conviennent pas à son palais délicat... il nous rejoue la scène de Phèdre : "Ô désespoir ! Ô crime ! Ô déplorable race !" enfin c'est ce que je crois comprendre de son charabia habituel..
21 h 37 : La demoiselle pleure, c'est vrai quoi, elle avait pas vu le paquet de gâteaux... "C'est pas sa fauteeeeeeee"
21 h 40 : je les ignore, peut être le monde autour de nous pensera qu'ils ne sont pas à moi et je pars m'aérer dans les couloirs... toutes les boutiques sont fermées, de toute façon, le coeur n'y est plus... au loin, j'entends Monsieur XY piquer une ultime crise... C'est assez étonnant la façon dont chaque mère reconnait le cri strident de son petit animal même à plusieurs mètres... je me la joue maman hippocampe et laisse chéri gérer...
21 h 45 : le couperet tombe : deux heures de retard au bas mot, ce qui repousse notre départ à 23 h 40 dans le meilleur des cas...
22 h : Monsieur XY envisage une carrière de chanteur lyrique. il veut un gateau, puis le jette et vocifère il veut un bonbon, puis le recrache et hurle de plus belle...
22 h 15 : dans ce vacarme continu, après la vingtième partie de Uno et la quinzième partie de Dobble, je me sens dans la peau de Bruce Banner avant sa transformation en Hulk... zen... zen... restons zen...
22 h 30 : Monsieur XY se colle à moi en geignant et je le trouve sudain bien chaud... Bien que Chéri me rétorque que ça réchauffe de beugler comme un petit veau pendant des heures, je préfère prendre sa température.
22 h 31 : 38.9°... joie...
22 h 35 : d'accord Monsieur XY, tu es fatigué et sans doute malade mais est-ce une raison pour gesticuler comme un pantin ?
22 h 40 : la demoiselle a perdu une chaussure...elle glousse... c'est tellement drole...
22 h 45 : un seul regard de ma part et la demoiselle a miraculeusement retrouvé sa chaussure...
23 h 00 : le temps s'arrête... c'est sur, nous sommes dans la faille temporelle...
23 h 15 : l'avion arrive ! ô bonheur !!
23 h 40 : après un embarquement mouvementé, nous prenons place dans un avion tout crasseux au délicat parfum de mouffette des voyageurs précédents débarqués en toute hate...
23 h 45 : le commandant de bord nous explique gentiment qu'une tempête sévit dans l'ouest de la France ce qui justifie ce retard et que le vol risque d'être mouvementé... je piaffe d'impatience de décoller...
23 h 46 : il nous dit aussi que le dernier avion pour Nantes a été dévié vers Bordeaux à cause du vent... Je me demande dans l'instant si je dois directement me me pendre avec le masque à oxygène...
23 h 55 : décollage...pour on ne sait où... vous ai-je déjà dit que je deteste l'aventure ?
0 h 30 : ça secoue, c'est sur, mais les zozios dorment....pour la première fois, je jette un coup d'œil a la notice de secours...
1 h 00 : Monsieur XY s'est endormi sur moi, et la demoiselle prenant appui contre mon bras ronfle comme un camionneur et moi, je suis coincée entre les deux.
2 h 00 : je suis en mode ninja ou statut de pierre... je n'ose pas un mouvement au risque de les reveiller...
3 h 30 : enfin l'aéroport est en vue, nous atterrissons sains et saufs...
Ah... j'avais oublié de décalage horaire qui nous propulse à 4 H 30...
5 h 00 : bagages récuperés, parking payé... nous prenons la direction de notre Cher Petit Breuil... sous la pluie et le vent bien évidemment...
6 h 15 : le portail s'ouvre, nous retrouvons notre chez nous, fourbus, vannés...
6 h 30 : Chéri repart, il a un important rendez vous à 400 kilomètres de là dans la matinée et je le regarde s'éloigner le coeur gros.
6 h 45 : je dois être au travail à 9 heures... ce qui ne laisse guère de place au sommeil... alors je commence à ranger et prends conscience de la profusion de lessives qui m'attend...
8 h 00 : J'avale un café bien serré et je reveille les zozios pour les déposer chez tatie C qui jouera la babysitter pour la journée ! mille merci tatie C.
9 h 05 : après avoir litteralement jeté chez Tatie C deux zozios épuisés et crasseux, je suis à mon poste et découvre avec effroi l'entassement de paperasses sur mon bureau... alors oui, j'ai 5 minutes de retard... mais j'ai comme dans l'idée que la journée va être infiniment longue...
Note pour plus tard : ne pas écouter chéri quand il veut rentrer le dimanche au prétexte de gagner un jour de vacances....